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Saint-Exupéry:

Les années trente, années de crises.

Très vite, et malgré le succès de Vol de Nuit, qui sera même adapté par Hollywood au cinéma avec Clark Gable en vedette, la vie s'avéra plus difficile qu'il n'y paraissait. L'Aéropostale, en dépit des déboires financiers, juridiques et humains dont elle était la proie, offrait un bon compromis pour gagner d'une part juste assez d'argent pour vivre et d'autre part pour continuer à réaliser son rêve de tous les jours, voler. Sans pour cela rejoindre l'Amérique du sud et trahir ainsi ses amis écartés de la compagnie, Antoine accepta de reprendre les lignes sur Casablanca et Dakar. Ayant passé à Marignane son brevet de pilote d'hydravion, il effectua aussi des liaisons Marseille-Alger. La création d'Air France par fusion de toutes les diverses compagnies aériennes privées ne permit pas à Saint-Exupéry de continuer son travail, suite à des problèmes " d'incompatibilités d'humeur " entre Didier Daurat et ses amis, et la nouvelle direction d'Air France. Antoine retrouva refuge auprès de Pierre Latécoère qui l'accepta comme pilote d'essais de ses appareils. Il y effectua des essais et réceptions au profit d'acquéreurs étrangers et navigua régulièrement entre les différentes bases d'hydravions françaises. Dans les romans de l'écrivain, on ne trouve que peu de références à cette période où Antoine, bien que surdoué de mécanique et de technique aéronautique (il déposa plusieurs brevets d'invention) ne sembla pas très heureux de sa condition. Il continua d'ailleurs à postuler pour Air France, qu'il intégra finalement en 1934, avec un salaire de misère de 3 500 francs de l'époque en comparaison aux 20 000 francs mensuels qu'il gagnait comme directeur de l'Aeroposta Argentina. Non navigant et affecté au Service de la Propagande, il fut chargé de la communication au profit de l'entreprise, poste tenu sans réel enthousiasme, en attendant mieux…
Le mieux n'arrivant pas, Antoine se transforma aussi en grand reporter pour
Paris-Soir en relatant la fête du 1er mai à Moscou en 1935. Il réalisa plus tard et par deux fois une couverture de la guerre civile espagnole en été 1936 et au printemps 1937 au profit de l'Intransigeant, après s'être essayé aux grands raids en tentant de gagner une prime pour la liaison entre Paris et Saigon, dans des meilleurs délais que ceux d'André Japy, réalisés sur un Caudron Aiglon 100 chevaux. La tentative de record fut entreprise à la fin du mois de décembre 1935 sur le Caudron C-630 Simoun n°7042 F-ANRY que l'auteur s'était acheté en juillet 1935, et qui venait de lui être livré en septembre. Après 19h38 de vol, l'aventure s'arrêta dans les sables de Libye, avion cassé, après avoir percuté le rebord d'un plateau, alors que Saint-Exupéry volait à basse altitude. Tandis qu'il préparait un nouveau roman, Terre des Hommes, inspiré une fois encore par le désert et par ses découvertes, reportages, déconvenues et peines (dont la disparition de son ami Jean Mermoz) de ces dernières années, Antoine envisageait un nouveau périple en s'attaquant au raid de New York à Punta Arenas. Malheureusement, il ne réussit pas mieux cette nouvelle traversée. Suite à une regrettable confusion entre les gallons US de 3,78 litres et britanniques de 4,54 litres, il surchargea trop son nouveau Simoun, le F-ANXR, au départ du Guatemala et s'écrasa en bout de piste. Grièvement blessé, il fut soigné au Guatemala puis à New York, où il termina, pendant sa convalescence, la rédaction de Terre des Hommes, qui allait être publié simultanément en France et aux USA. Aux Etats-Unis pour la publication et la promotion de ce dernier roman, il apprit la brusque détérioration des relations internationales en Europe, et rentra en France sur ces rumeurs de guerre.

©Aérostories, 2001.

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par  Hervé Brun

Cet article est essentiellement illustré avec des images disponibles à la photothèque du SHAA. La reproduction de ces images est interdite. En revanche, chaque image possède sa référence (nom du fichier JPEG) et peut être commandée au SHAA.

Saint-Ex pose à bord de son premier Simoun personnel, pendant un tour de la Méditerranée.
©SHAA (ref:B90-425)                           
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Antoine de Saint-Exupéry pose en compagnie de son mécanicien et ami Prévot, au départ du raid Paris-Saïgon. A bord du Caudron Simoun vu en arrière-plan, Saint-Ex naviguait à basse altitude au-dessus du désert libyen et toucha, en raison de mauvaises météorologiques et d'une visibilité limitée, le sommet d'une dune. Avion cassé, l'aventure et les espoirs s'arrêtaient là.
©SHAA (ref:B90-442)                           
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