Philippe Ballarini

Le temps des loups 1

Le Messerschmitt Me-163 "Komet"

Le "Komet" est né de la collaboration de trois personnages peu anodins.

Le premier et le plus connu du public était le Pr. Willi  Messerschmitt, avionneur de talent, dont les célèbres chasseurs Bf-109 ne furent qu'un échantillon d'une production allant du planeur au gros porteur géant.

Le second, Hellmuth Walter, avait mis au point un moteur-fusée à carburant liquide particulièrement léger et performant.

Quant au troisième,
last but not least, c'était un ingénieur brillant aux idées très novatrices, le  Professeur A. Lippisch, obsédé comme ses homologues les frères Horten et comme plus tard Northrop aux U.S.A. par les appareils sans empennage. En 1928, il avait déjà motorisé un planeur à aile delta dépourvu d'empennage avec une fusée à poudre.

Le trio travailla sans urgence spéciale à la construction du futur intercepteur et, au printemps 1941, à une époque où la défense du Reich ne se posait pas encore, fit voler en vol plané un premier exemplaire.
Les résultats furent si prometteurs que le R.L.M.(Reichsluftfahrministerium : Ministère de l'Air du Reich) ordonna la construction d'un appareil à moteur Walter  dans la base secrète de Peenemünde.

Un "Komet" au décollage.
Comparé à d'autres précurseurs de la réaction, le Me-163 fait figure de miniature.
Envergure: 9,30 m
Longueur: 5,70 m
Ses performances furent époustouflantes: il put voler à 960km/h!

L'ombre d'un Messerschmitt Me-163 "Komet" se découpe sur le sol.

Les vols d'essai au-dessus de Peenemünde révélèrent un appareil aux performances inouïes. En août 1941, le pilote Heini Dittmar amena l'appareil à 775, puis à 960 km/h, record absolu qui ne put être homologué en raison du secret militaire.

Le 2 octobre 1941, un Bf-110 amena Dittmar et son
"Komet" à 4000 m. pour un largage. Le moteur-fusée Walter fut allumé et, pendant un piqué, l'appareil atteignit les 1000 km/h, ce qui n'étonna pas outre mesure le Pr.  Lippisch.

Avant tout engin de laboratoire, cet appareil disposait de caractéristiques qui ont de quoi laisser rêveur. Essentiellement construit en bois et de très petite taille, il était quasiment indétectable au radar. Par ailleurs, son moteur de 1700 kg de poussée lui donnait une vitesse ascensionnelle de 5000 mètres à la minute!


En juillet 1944, 400 exemplaires avaient été construits, dont une version biplace d'entraînement. Lâchés sur les bombardiers de haute altitude, ils étaient des cibles difficiles tant pour les mitrailleurs que pour les chasseurs d'escorte en raison de leur vitesse élevée et de leur taille réduite.



Le
"Komet" n'était pas exempt de défauts. En particulier, les carburants utilisés étaient si instables et corrosifs que les pleins devaient être effectués à la dernière minute juste avant le  décollage.  Ces produits,  C-Stoff et T-Stoff, pouvaient fuir, fusionner et exploser, si bien que bon nombre de Me-163 ont été perdus en dehors des combats, lors d'explosions au sol.

Le Me-163 était équipé d'un train de roues qu'il larguait au décollage, l'atterrissage s'effectuant sur un patin ventral.
L'appareil représenté n'est pas la version définitive et semble équipé de roquettes air-air.

Des contacts avaient été pris par les japonais pour une version nippone du Me-163, le Ki-200 biplace. Méfiants, les allemands ne donnèrent pas réellement suite à l'affaire.

Un Me-163 dans son ultime version paré pour le décollage. Ce modèle est équipé du type  définitif de train de décollage et armé de deux canons de 50 mm placés à l'emplanture de l'aile.
Huit minutes: c'était l'autonomie en propulsion, suffisante pour un rayon d'action de 100 km. Le retour se faisant en vol plané. L'atterrissage était des plus délicats et s'effectuait sur le gros patin visible entre les roues largables.