Philippe Ballarini

Hélice, fusée, réaction, ou hybride?

Un avion à réaction est propulsé par un réacteur, un avion à hélice par une hélice. Elémentaire, mais pas si sûr! On se souvient que lors de la mise au point du Me-262, les techniciens de chez Messerschmitt avait équipé un appareil, à titre de précaution, à la fois des réacteurs BMW et d'un moteur à pistons.

Cette pratique ne s'est pas perdue, et dans la décennie qui suivit la fin de la guerre, bon nombre d'appareils se voyaient doter  de ces deux modes de propulsion, comme ce Mc Donnell Douglas XF-88B de 1948 dont les réacteurs n'auraient pas suffi.


Le
"Pogo" lui-même, appareil à décollage vertical, n'échappa pas à la règle.

Cette pratique, qui était justifiée par la faible puissance des réacteurs de l'époque, a été somme toute assez répandue.

Un XF-88B en vol: l'hélice, inutile à haute vitesse, a été mise "en drapeau".

Une configuration originale pour le "Pogo": biréacteur muni de deux hélices contrarotatives.

L'énorme bombardier stratégique B-36 "Peacemaker", l'un des acteurs de la guerre froide et du conflit coréen, s'était vu doté de six moteurs à hélices placés sur l'arrière de l'aile et de quatre réacteurs groupés par deux.

L'énorme B-36 "Peacemaker".

Réacteur ou fusée? Réacteur et fusée!


Le Republic XF-91 de 1949 devait constituer une parade contre le risque d'intrusion au-dessus du territoire américain. En pleine guerre froide, les USA développèrent quantité de projets d'intercepteurs. Celui-ci était doté d'un turboréacteur axial et de quatre moteurs fusées montés dans l'empennage.

Le 2 mai 1958, le
"Trident" de la société française  S.N.C.A.S.O. battit le record du monde d'altitude en atteignant 24217 m. Cet appareil qui se verra détrôné par le Mirage III, avait inauguré la propulsion mixte en France. Il était équipé d'un moteur fusée et de deux turboréacteurs montés au bout des ailes.

L'Ar.234 dans sa version bombardier, décollait avec des fusées largables d'appoint. Cette technique, dénommée RATO, a été abondamment utilisée par la suite.
Le bombardier stratégique Mirage IV à pleine charge ne pourrait pas décoller par forte température au sol sans ses fusées d'appoint


XF-91: ce cliché laisse bien apparaître les quatre fusées destinées à faciliter le décollage.

La ligne futuriste du "Trident" (1958)

Un Mirage IV décolle dans un déluge de flammes et de scories.