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Les pilotes de chasse français 1939-1945.

Robert Thollon

Christian-Jacques Ehrengardt
Philippe Listemann
Pierre-André Tilley

UN GRAND RÉSISTANT


Natif de Marseille, le 14 mai 1914, Robert Thollon entre à l'école de l'Air en octobre 1936. Après avoir passé avec succès son brevet de pilote et même celui d'observateur, il effectue un stage de chasse à Romilly. Il sort major de sa promotion et sous-lieutenant.
En mars 1939, il rejoint le GC I/8 à Marseille-Marignane, unité commandée par le commandant Colin.  C'est avec ce groupe qu'il se distingue particulièrement en mai et juin 1940, obtenant 8 victoires confirmées (dont 4 seul) et terminant en tête du palmarès des pilotes de Bloch 152.
Le 5 août 1940, dans son rapport de campagne, le commandant Colin donne son appréciation sur Robert Thollon : "
Jeune et brillant officier, major de sa promotion, qui dès les premiers engagements aériens s'est révélé pilote de chasse de grande classe. Audacieux et réfléchi, a remarquablement aidé les pilotes de son unité par ses conseils judicieux; n'a cessé de faire preuve d'une volonté et d'un esprit de sacrifice magnifiques. En six semaines, a remporté 8 victoires qui lui ont valu 5 citations à l'ordre de l'Armée de l'Air, En outre, le 17 mai, a ramené d'un terrain abandonné, et sous le feu des mitrailleuses ennemies, un appareil qui venait d'être réparé ". Ecœuré par la défaite, refusant de déposer les armes, Robert Thollon demande à être mis en congé d'armistice, afin de pouvoir poursuivre la lutte à sa manière.  Le 1er octobre 1940, il entre à Jeunesse et Montagne, un groupement créé par Vichy pour regrouper les cadres de l'armée de l'Air n'ayant plus d'affectation et dirigé par le général d'Harcourt, ancien inspecteur général de l'aviation de chasse. Ce qui se veut une organisation de jeunesse calquée sur le modèle allemand devient progressivement un foyer de sédition.
Les contacts avec les réseaux de résistance commencent à se nouer et à s'organiser, principalement sous l'instigation du général Carayon, secrétaire général de la Défense aérienne. Mais, à Vichy, la surveillance se renforce. Pas moins de 138 officiers de l'Armée de l'Air sont arrêtés entre 1943 et 1944. Certains sont déportés et le commandant Colin est fusillé par la Gestapo en février 1944. C'est sans doute ce dernier événement qui renforce la détermination de Robert Thollon.
Alors que le centre de Jeunesse et Montagne a été déplacé à Murols, en plein cœur de l'Auvergne, en avril 1943, Thollon, promu capitaine en septembre, prend en mains l'organisation de la résistance dans cette région en mai 1944. C'est vers cette époque qu'il est promu commandant.
L'école que dirige Thollon prend le maquis dès le 3 juin, soit trois jours avant de débarquement. Ses 160 hommes viennent grossir les rangs du Groupement Renaud. Mais, ils ne disposent en tout et pour tout que de 19 mitraillettes et quelques centaines de cartouches. Le 6 juillet, grâce à deux parachutages, le groupement, comptant quatre compagnies et 350 hommes, est fin prêt à être engagé.
C'est Robert Thollon qui conduit ses hommes au combat, le 7 août, sur la RN 122, entre Aurillac et Murat, non loin de Vic-sur-Cère.  Il y a tendu une embuscade à la garnison allemande d'Aurillac qui fait mouvement vers le nord-est.  Le combat va durer cinq heures, les Allemands recevant le renfort de pièces d'artillerie et de mitrailleuses lourdes. Le groupement se replie, après avoir tué une trentaine de soldats allemands, mais laissant trois de ses hommes.
Cette garnison, qui poursuit son évacuation vers l'est, est à nouveau harcelée entre le 11 et le 13 août au pied du Lioran, à une dizaines de kilomètres de Murat. La colonne allemande est finalement dégagée par l'intervention de la Luftwaffe (on pense au groupe Bongart sur Re.2002). Dix morts sont relevés du côté français, mais on estime les pertes allemandes quatre à cinq fois supérieures et, surtout, la colonne a été fixée pendant plus de 72 heures, permettant à des éléments FFI plus à l'est de se préparer à l'accueillir.
Le groupement Renaud participe ensuite aux opérations qui se soldent par la reddition de la garnison allemande de Rueyre, le 19 août.  Ces succès incitent le commandant militaire du Cantal à investir St Flour, malgré une garnison de 500 hommes fortement équipés en matériel lourd.  Mais, les Allemands, disposant d'automitrailleuses, parviennent à faire échec à la tentative.
Devenu colonne rapide n° 6 des FFI d'Auvergne, le groupement Renaud est intégré le 11 septembre au dispositif d'assaut de Lyon. Thollon et trois officiers de son état-major sont les premiers à pénétrer dans l'hôtel de ville de Lyon, le 3 septembre.
Thollon va encore participer à de difficiles combats à Decize et prendre une part prépondérante à la reddition de 18 000 Allemands aux Américains, au soir du 11 septembre.
En novembre, Robert Thollon quitte les FFI et regagne le giron de l'Armée de l'Air. Le 22 novembre 1944, il arrive à Toulouse pour prendre le commandement du GC II/18 Saintonge, prolongement direct du groupe de chasse FFI Doret. Il participe personnellement à plusieurs missions offensives au-dessus de la pointe de Grave et des poches de l'Atlantique.
Le 9 janvier 1946, alors qu'il est toujours à la tête du II/18, il est convoqué par le service du personnel qui l'informe de son affectation aux sports aériens! Furieux, Thollon intervient directement auprès du général Bouscat qui obtient sa mutation comme adjoint du commandant de la 6ème escadre.  En mai 1946, il arrive à la 3ème escadre en Allemagne comme adjoint, puis il en est nommé commandant en décembre 1946.
Malheureusement, le 24 février 1948, Robert Thollon fait une chute lors d'un séjour en haute montagne et est tué sur le coup.

Thollon Robert
Sous-lieutenant.
GC I/8

10.05.40 (2) He 111   Château-Salins [57]
10.05.40 (4) He 111   Trondes [B]
15.05.40 (1) Do 215   Dinant [B] 
03.06.40 (1) Bf 109    Roye [80] 
03.06.40 (2) Ju 88      Cocherel [77] 
06.06.40 (1) Do 17    Amiens [80] 
06.06.40 (3) Do 17    Chaulnes [80]
15.06.40 (1) Ju 88     Jargeau [45] 

(entre parenthèses, le nombre total de pilotes qui ont pris part à la destruction de l'avion)

©
Aéro Editions, aerostories, 2001.

Le Trident
Insigne de la 1ère escadrille du GC I/8

Le sous-lieutenant Robert Thollon devant un Dewoitine 510 du GC I/8 à Hyères, en février 1939.

Collection J. Mutin      Click!

Le sous-lieutenant Robert Thollon réceptionne le premier Bloch 152 (N° 153) affecté au GC I/8, le 23 novembre 1939.

Document SHAA                            Click!