|
UN GRAND RÉSISTANT
Natif de Marseille, le 14 mai 1914, Robert Thollon entre à l'école
de l'Air en octobre 1936. Après avoir passé avec succès son
brevet de pilote et même celui d'observateur, il effectue
un stage de chasse à Romilly. Il sort major de sa promotion et
sous-lieutenant.
En mars 1939, il rejoint le GC I/8 à Marseille-Marignane, unité
commandée par le commandant Colin. C'est avec ce groupe
qu'il se distingue particulièrement en mai et juin 1940, obtenant
8 victoires confirmées (dont 4 seul) et terminant en tête du palmarès
des pilotes de Bloch 152.
Le 5 août 1940, dans son rapport de campagne, le commandant Colin
donne son appréciation sur Robert Thollon : " Jeune
et brillant officier, major de sa promotion, qui dès les premiers
engagements aériens s'est révélé pilote de chasse de grande
classe. Audacieux et réfléchi, a remarquablement aidé les pilotes
de son unité par ses conseils judicieux; n'a cessé de faire
preuve d'une volonté et d'un esprit de sacrifice magnifiques.
En six semaines, a remporté 8 victoires qui lui ont valu 5 citations
à l'ordre de l'Armée de l'Air, En outre, le 17 mai,
a ramené d'un terrain abandonné, et sous le feu des mitrailleuses
ennemies, un appareil qui venait d'être réparé
". Ecœuré par la défaite, refusant de déposer les armes,
Robert Thollon demande à être mis en congé d'armistice, afin
de pouvoir poursuivre la lutte à sa manière. Le 1er
octobre 1940, il entre à Jeunesse et Montagne, un groupement créé
par Vichy pour regrouper les cadres de l'armée de l'Air
n'ayant plus d'affectation et dirigé par le général d'Harcourt,
ancien inspecteur général de l'aviation de chasse. Ce qui
se veut une organisation de jeunesse calquée sur le modèle allemand
devient progressivement un foyer de sédition.
Les contacts avec les réseaux de résistance commencent à se nouer
et à s'organiser, principalement sous l'instigation du
général Carayon, secrétaire général de la Défense aérienne. Mais,
à Vichy, la surveillance se renforce. Pas moins de 138 officiers
de l'Armée de l'Air sont arrêtés entre 1943 et 1944. Certains
sont déportés et le commandant Colin est fusillé par la Gestapo
en février 1944. C'est sans doute ce dernier événement qui
renforce la détermination de Robert Thollon.
Alors que le centre de Jeunesse et Montagne a été déplacé à Murols,
en plein cœur de l'Auvergne, en avril 1943, Thollon, promu
capitaine en septembre, prend en mains l'organisation de la
résistance dans cette région en mai 1944. C'est vers cette
époque qu'il est promu commandant.
L'école que dirige Thollon prend le maquis dès le 3 juin,
soit trois jours avant de débarquement. Ses 160 hommes viennent
grossir les rangs du Groupement Renaud. Mais, ils ne disposent
en tout et pour tout que de 19 mitraillettes et quelques centaines
de cartouches. Le 6 juillet, grâce à deux parachutages, le groupement,
comptant quatre compagnies et 350 hommes, est fin prêt à être
engagé.
C'est Robert Thollon qui conduit ses hommes au combat, le
7 août, sur la RN 122, entre Aurillac et Murat, non loin de Vic-sur-Cère.
Il y a tendu une embuscade à la garnison allemande d'Aurillac
qui fait mouvement vers le nord-est. Le combat va durer
cinq heures, les Allemands recevant le renfort de pièces d'artillerie
et de mitrailleuses lourdes. Le groupement se replie, après avoir
tué une trentaine de soldats allemands, mais laissant trois de
ses hommes.
Cette garnison, qui poursuit son évacuation vers l'est, est
à nouveau harcelée entre le 11 et le 13 août au pied du Lioran,
à une dizaines de kilomètres de Murat. La colonne allemande est
finalement dégagée par l'intervention de la Luftwaffe (on
pense au groupe Bongart sur Re.2002). Dix morts sont relevés du
côté français, mais on estime les pertes allemandes quatre à cinq
fois supérieures et, surtout, la colonne a été fixée pendant plus
de 72 heures, permettant à des éléments FFI plus à l'est de
se préparer à l'accueillir.
Le groupement Renaud participe ensuite aux opérations qui se soldent
par la reddition de la garnison allemande de Rueyre, le 19 août.
Ces succès incitent le commandant militaire du Cantal à investir
St Flour, malgré une garnison de 500 hommes fortement équipés
en matériel lourd. Mais, les Allemands, disposant d'automitrailleuses,
parviennent à faire échec à la tentative.
Devenu colonne rapide n° 6 des FFI d'Auvergne, le groupement
Renaud est intégré le 11 septembre au dispositif d'assaut
de Lyon. Thollon et trois officiers de son état-major sont les
premiers à pénétrer dans l'hôtel de ville de Lyon, le 3 septembre.
Thollon va encore participer à de difficiles combats à Decize
et prendre une part prépondérante à la reddition de 18 000 Allemands
aux Américains, au soir du 11 septembre.
En novembre, Robert Thollon quitte les FFI et regagne le giron
de l'Armée de l'Air. Le 22 novembre 1944, il arrive à
Toulouse pour prendre le commandement du GC II/18 Saintonge, prolongement
direct du groupe de chasse FFI Doret. Il participe personnellement
à plusieurs missions offensives au-dessus de la pointe de Grave
et des poches de l'Atlantique.
Le 9 janvier 1946, alors qu'il est toujours à la tête du II/18,
il est convoqué par le service du personnel qui l'informe
de son affectation aux sports aériens! Furieux, Thollon intervient
directement auprès du général Bouscat qui obtient sa mutation
comme adjoint du commandant de la 6ème escadre.
En mai 1946, il arrive à la 3ème escadre en Allemagne
comme adjoint, puis il en est nommé commandant en décembre 1946.
Malheureusement, le 24 février 1948, Robert Thollon fait une chute
lors d'un séjour en haute montagne et est tué sur le coup.
Thollon Robert
Sous-lieutenant.
GC I/8
10.05.40 (2) He 111 Château-Salins [57]
10.05.40 (4) He 111 Trondes [B]
15.05.40 (1) Do 215 Dinant [B]
03.06.40 (1) Bf 109 Roye [80]
03.06.40 (2) Ju 88 Cocherel [77]
06.06.40 (1) Do 17 Amiens [80]
06.06.40 (3) Do 17 Chaulnes [80]
15.06.40 (1) Ju 88 Jargeau [45]
(entre parenthèses, le nombre total de pilotes qui ont pris part
à la destruction de l'avion)
©Aéro Editions,
aerostories, 2001.
|
|