|
"KOSTIA"
Constantin Rozanoff, dit Kostia, est plus qu'une figure emblématique
de la chasse française, il est une véritable légende de l'aviation.
Descendant d'une famille russe noble, il est né le 23 août 1905
à Varsovie (Pologne). Il émigre quelques années plus tard en France
avec ses parents et se fait naturaliser Français en 1927.
Il fait de brillantes études d'ingénieur à l'école Centrale puis
à l'école supérieure de l'Aéronautique. Appelé sous les drapeaux
en 1928, il fait son service militaire au 34ème régiment d'aviation
d'observation au Bourget, puis ses classes d'officier de réserve
à Avord. Il suit ses cours de pilote militaire qui aboutissent
à son brevet et à son affectation à Reims au 12ème régiment d'aviation
en 1930. Voulant continuer sa carrière dans l'armée, il s'oriente
vers des postes à caractère plus technique et administratif qu'opérationnel.
En avril 1935, il est affecté au centre d'essai du matériel aéronautique
à Villacoublay et est promu capitaine en juin de la même année.
Jusqu'à la guerre, il poursuit sa carrière de pilote d'essai.
Il s'en faut de peu qu'elle ne s'arrête en octobre 1937. Chargé
de mettre un Hanriot en vrille pour étudier son comportement,
il ne peut redresser l'appareil et saute en parachute in extremis.
Le 28 novembre 1939, il est chargé de convoyer un Bf 109 capturé,
mais ce vol se termine par un nouveau saut en parachute et la
destruction de l'appareil. Voulant participer plus activement
à la guerre, il demande une affectation au front qu'il lui est
accordée en février 1940; il se retrouve alors commandant en second
au GC II/4. Resté dans l'armée de l'Air de l'armistice, il est
affecté à différents postes d'état-major. Le 21 novembre 1942,
il prend le commandement du GC II/5 Lafayette, reéquippé en Curtiss
P-40 et l'emmène combattre en Tunisie. Après la conclusion de
la campagne, il est nommé adjoint au directeur des écoles de pilotage
d'Afrique du Nord. Le 16 juillet 1943, il prend la tête du GC
II/3.
Lieutenant-colonel en décembre, il part en Grande-Bretagne pour
occuper plusieurs postes et y suivre deux stages, dont un à l'Empire
Central Flying School, où ses instructeurs le notent comme « ayant
un sens du devoir très développé [...] et possédant une
forte personnalité alliée à un sens très développé de l'humour
et des capacités hors pair ». Un humour décapant qui n'a pas toujours
été apprécié en d'autres temps !
En juillet 1945, il réalise son premier vol sur avion à réaction
aux États-Unis. Fin 1945, il est muté comme directeur au CEAM
de Mont-de-Marsan, avec le grade de colonel, puis il quitte l'armée
en octobre 1946.
Il entre alors immédiatement comme directeur des essais en vol
chez Dassault, chargé de la mise au point du MD.450 Ouragan puis
de la série des Mystère. Le 24 février 1954, aux commandes d'un
Mystère IV, il est le premier pilote français à franchir le mur
du son sur un avion de conception nationale.
C'est pourtant ce même avion qui le trahit le 3 avril 1954. Devant
un parterre d'officiels français et britanniques, au terme d'une
brillante démonstration, Kostia décide de franchir pour la première
fois le mur du son au ras du sol. Malheureusement, à la suite
d'une défaillance du circuit électrique de commande de la profondeur,
l'aileron bascule en position piqué au moment où l'appareil se
présente à basse altitude. Le Mystère IV percute le sol et explose
en une gigantesque boule de feu.
Rozanoff Constantin
Commandant
GC II/4
16.05.40 (2) Ju 86 Fismes [51]
18.05.40 (4) Hs 126 Rethel [08]
(entre parenthèses, le nombre total de pilotes qui ont pris part
à la destruction de l'avion)
©Aéro Editions,
Aérostories, 2000.
|
|