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Les pilotes de chasse français 1939-1945.

Marcel Albert

Christian-Jacques Ehrengardt
Philippe Listemann

TITI AU PAYS DES SOVIETS


Quel parcours extraordinaire que celui de ce "titi" parisien, successivement tourneur chez Renault, Héros de l'Union Soviétique et chef d'entreprise aux USA…

Né à Paris le 25 novembre 1917, Marcel Albert débute dans la vie comme simple "métallo" chez Renault à Billancourt. Passionné d'aviation, il passe ses deux premiers degrés de pilote grâce à une bourse d'état. En 1938, il entre à Istres et obtient son brevet militaire en juillet. Nommé caporal, il est affecté un an plus tard à la 1ère escadre de chasse.

Lorsque la guerre éclate, il est muté au CIC (centre d'instruction à la chasse) de Chartres comme instructeur. À force de réclamer son envoi au front, en février 1940, il finit par rejoindre la 2ème escadrille du GC I/3 à Cannes, où elle est en cours de transformation sur D.520.

C'est avec le I/3 que Marcel Albert revendique ses deux premières victoires, l'une confirmée le 14 mai, l'autre probable, le 20.  Après une longue période d'inaction, consécutive à l'armistice, Albert projette de passer "en dissidence" avec deux autres camarades, les sergents Durand et Lefèvre.  Le 14 octobre 1941, décollant d'Oran pour une patrouille de routine, les trois pilotes mettent le cap sur Gibraltar, d'où ils rallieront ensuite l'Angleterre. Au terme du séjour obligatoire en unité d'entraînement de la RAF, Albert est affecté en mai 1942 au groupe Île-de-France, avec lequel il effectue 48 missions de guerre.

Volontaire pour partir sur le front russe, il rejoint le groupe
Normandie le 7 octobre 1942.  Aspirant depuis mars, il est nommé sous-lieutenant le 15 décembre 1942.  Le 16 juin 1943, il remporte son premier succès en Russie : "Nous avions décollé sur alerte, Préziosi et moi, pour couvrir une petite gare proche du front, qui s'appelait Soukinovichi.  Tout à coup, à la radio, l'interprète nous annonce qu'un avion de reconnaissance ennemi était en train de prendre des photos de la gare. Je jette un coup dceil dans la direction de la gare et j'aperçois un bipoutre, peut-être un Focke-Wuif 189.  Je bats des plans pour avertir Préziosi, car nous avions la radio, mais nous ne nous en servions pas beaucoup. Le Fritz ne nous avait pas vus arriver Quand nous l'avons tiré, il a fait un retournement et nous nous sommes frôlés de très près.  Il avait perdu toute la pointe de sa cabine centrale, un de ses moteurs était arrêté et il était plein de trous. Nous l'avons suivi quelque temps, je sentais l'odeur du vernis brûlé en volant derrière lui.  Nous l'avons laissé à une cinquantaine de mètres du sol et sommes rentrés, Préziosi et moi.  Les Russes qui avaient photographié son terrain le matin y avaient compté une douzaine d'avions.  Le soir, lorsqu'ils reprirent des photos, il y en avait un de moins, de sorte qu'ils ont homologué notre victoire ".

Pendant la bataille d'Orel, Albert ajoute cinq victoires à son palmarès. À la suite de la disparition du lieutenant Léon, il prend le commandement de la 1ère escadrille, le 4 septembre 1943.  Lorsque
Normandie prend ses quartiers d'hiver à Toula, le 6 novembre 1943, Albert apprend sa promotion au grade de lieutenant.  Lors de l'offensive sur la Prusse Orientale, en octobre 1944, il remporte sept nouvelles victoires.  Staline le nomme " Héros de l'Union Soviétique ", le 28 novembre 1944.

Promu capitaine, Marcel Albert quitte le régiment le 12 décembre 1944.  Il est l'un des rares survivants du premier contingent et l'un des trois pilotes
de Normandie-Niemen à devenir commandeur de la Légion d'Honneur. Il retrouvera son régiment pour le retour triomphal au Bourget, en juin 1945. Nommé à l'inspection de la chasse en octobre 1945, il est ensuite attaché de l'Air à Prague, puis quitte l'armée, s'expatrie aux États-Unis où il se marie et devient président d'un vaste consortium d'entreprises.

ALBERT Marcel

Sergent
GC I/3
14.05.40 (2) Do 17 Suippes [51]

Sous-Lieutenant
GC 3
16.06.43 (2) Fw 189 Brusna-Mekovaïa [URSS]
14.07.43 (1) Bf 110  Iagodnia [URSS] 
17.07.43 (1) Fw 190 Iagodnia [URSS] 
17.07.43 (2) Fw 190 Znamenskaïa [URSS] 
19.07.43 (5) Ju 88    Znamenskaïa [URSS] 
31.08.43 (1) Ju 87    Ielnia  [URSS]
01.09.43 (2) Fw 190 Ielnia  [URSS]
17.09.43 (1) Fw 190 Ielnia  [URSS]
22.09.43 (1) Fw 190 Smolensk [URSS] 
04.10.43 (6) Hs 126 Krasno [URSS]   
12.10.43 (1) Fw 190 Gorki  [URSS]

Lieutenant
15.10.43 (3) Ju 88     Gorki  [URSS]
15.10.43 (2) Fw 190  Gorki  [URSS]
15.10.43 (2) Fw 190  Gorki  [URSS]
16.10.44 (5) Ju 87      Pillupönen [Poméranie Orientale]
16.10.44 (2) Ju 87      Pillupönen [P.O.]
16.10.44 (1) Fw 190   Stallupönen [P.O.]
18.10.44 (2) Hs 129   Stallupönen [P.O.]
18.10.44 (3) Hs 129   Stallupönen [P.O.]
23.10.44 (2) Bf 109    Stallupönen [P.O.]
26.10.44 (3) Bf 109    Walterkehmen [P.O.]

(entre parenthèses, le nombre total de pilotes qui ont pris part à la destruction de l'avion)

© Aéro Editions, Aérostories, 2001.

Marcel Albert (à droite), à Cannes, début mai 1940, en compagnie des sous-lieutenants Boutarel et Irumberry de Salaberry et de l'adjudant  Cartier (ce dernier sera abattu et tué le 14 mai).

Collection Madame Méot-Carrier
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Dans son Yak-9 ("6" blanc) à Toula, fin 1943

Document SHAA      Clic