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En avril
1939, le savant Léo Szilard, hongrois émigré aux États-Unis, prenait
connaissance des travaux de Joliot-Curie évoquant la possibilité
de la mise au point d'une arme de puissance insoupçonnée utilisant
la fission de l'atome. Comme l'allemand Siegfried Flugg
venait fort naïvement de révéler dans un article l'état des
recherches nucléaires dans le IIIème Reich, Flugg jugea bon d'alerter
le président Roosevelt par l'entremise d'Albert Einstein,
réfugié aux USA.
La mise en place du programme nucléaire américain confié au Bureau
of standard's Uranium Committee
fut d'une lenteur affligeante jusqu'à ce que Roosevelt,
averti de cet état de fait, charge son conseiller scientifique,
Vannevar Bush, d'affecter tous les moyens disponibles au projet.
Bush recruta un de se anciens étudiants, Robert Oppenheimer, et
le chargea de calculer avec précision la masse d'uranium 235
nécessaire à la bombe.
L'équipe recrutée par Oppenheimer commença à travailler à
plein temps sur le projet en janvier 1942. Il fallut néanmoins
attendre septembre pour que tous les acteurs du projet travaillent
de façon coordonnée, sous la férule du colonel Groves, du Manhattan
Military District, le
programme prenant alors le nom de code "Manhattan Project".
En octobre 1942, Groves décida de regrouper les chercheurs dans
un seul site, celui de Los Alamos (Nouveau Mexique), lieu quasi
désertique à peine accessible depuis Santa Fe.
L'installation précaire de Los Alamos, si elle pouvait convenir
pour la trentaine de chercheurs des débuts, posa de sérieux problèmes
d'hébergement à l'arrivée de l'ensemble des chercheurs
et de leurs familles. On dut recourir à pas moins de 45000 ouvriers
pour rendre le site réellement opérationnel, et ce en quelques
mois.
Les travaux portaient sur la méthode du "canon",
qui consistait à projeter une masse sous-critique contre une autre,
afin d'obtenir la masse critique et la réaction en chaîne,
jusqu'à ce qu'un des jeunes chercheurs, Seth Neddermeyer,
suggère une méthode différente, en l'occurrence l'implosion
d'une sphère creuse.
Pendant que les recherches sur l'implosion suivaient leur
cours, Oppenheimer chercha un lieu où tester une bombe. Au printemps
44, on choisit une base de l'USAAF, à Alamogordo (Nouveau
Mexique). L'équipe chargée du programme "Trinity",
nom donné à la campagne d'essais, dut faire évacuer tout le
secteur. L'armée détruisit les citernes des fermiers récalcitrants
qui refusaient de partir. Le risque encouru par les populations
civiles contrariaient Groves qui obtint l'application de la
loi martiale et l'évacuation des populations de la région
en cas de problème. Enfin, en dépit des conditions de vie très
éprouvantes à Alamogordo et des difficultés à maîtriser les problèmes
d'une mise à feu très particulière, la tour qui devait abriter
la bombe expérimentale était prête en juin 1945.
Oppenheimer fixa la date de l'essai au 16 juillet à 4 heures,
en dépit des continuels problèmes posés par le dispositif d'implosion.
Les résultats des essais du système de mise à feu, régulièrement
négatifs, ne laissaient guère augurer une réussite. Néanmoins,
l'un des chercheurs réussit à convaincre Oppenheimer que ces
essais à blanc n'étaient pas significatifs et qu'il fallait
maintenir la date fixée.
Le 16 juillet à 4 heures, la pluie qui tombait sur Alamogordo
cessa et le tir fut fixé à 5 h 30.
À l'heure prévue, "Trinity" se transforma en un
petit soleil qui se métamorphosa en un gigantesque brasier, surmonté
d'un nuage d'une forme significative. La première bombe
atomique avait explosé. Malgré sa très petite taille, sa puissance
était équivalente à vingt mille tonnes de TNT.
Le Japon allait pouvoir faire connaissance avec le cauchemar atomique
et Einstein regretter amèrement son courrier à Roosevelt.
©
Aérostories, 1999
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