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L'attaque-surprise
contre Pearl Harbor le 7 décembre 1941 ne fut pas considérée par
les Américains comme une défaite, mais comme une infamie. Il faut
rappeler qu'au moment où les forces combinées menées par l'amiral
Nagumo frappaient le port de l'archipel hawaïen, le Japon
n'avait pas encore déclaré la guerre aux États-Unis.
L'idée de bombarder l'archipel nippon en guise de revanche
est venue très tôt, mais l'Océan Pacifique est bien vaste
et le Japon était résolument hors de portée.
Au début du conflit, au vu de l'inexorable expansion japonaise,
le moral des américains était au plus bas.
Il était urgent de marquer des points, même symboliquement, contre
un ennemi qui dominait insolemment le Pacifique.
En février 1942, pour remonter ce moral défaillant et monter à
l'adversaire qu'il n'était pas à l'abri des coups,
le capitaine Francis Low imagina une opération surprise sur le
Japon. C'était vraiment une gageure, car la machine de guerre
américaine commençait à peine à se mettre en route et le Soleil
Levant régnait sur une vaste partie de l'Océan Pacifique.
On fit appel pour cette mission à un personnage peu ordinaire,
le lieutenant-colonel Doolittle, aviateur hors du commun.
Pour ce projet qui ressemblait à un pari un peu fou, Doolittle
opta pour des
bombardiers North American B-25 "Mitchell". Faire décoller
des appareils de cette taille, absolument pas conçus pour intervenir
depuis un porte-avions, n'était pas une mince affaire. Après
des essais à terre, on embarqua seize B-25 modifiés à bord du
porte-avions Hornet.
Le 18 avril 1942, les seize bombardiers, bientôt suivis de quinze
autres décollèrent du Hornet qui croisait à 1150 km du Japon et
larguèrent leurs bombes sur Tokyo sans rencontrer d'opposition
réellement efficace, tant l'effet de surprise était grand.
Les appareils ne pouvant se poser sur le porte-avions, il était
prévu qu'ils atterrissent en Chine. En aucun cas le retour et
l'appontage sur le "Hornet" n'étaient envisageables.
Une zone de turbulences empêcha les équipages de trouver leur
terrain d'atterrissage. Certains sautèrent en parachute au-dessus
de la Chine. Un appareil se posa même à Vladivostok (URSS). Sur
les 80 hommes d'équipage, 71 survécurent.
Matériellement parlant, ce raid ne fut guère destructeur et ne
gêna pas l'industrie militaire nippone. En revanche, l'impact
psychologique fut important, tant aux U.S.A. qu'au Japon. Le moral
revint aux Américains; quant aux Japonais, ils furent tellement
surpris par ce raid qu'ils crurent un moment à une attaque
de leur vieil ennemi soviétique.
Ce qui est resté sous le nom de "raid de Doolittle"
eut néanmoins des conséquences importantes. L'amiral Yamamoto
décida d'agrandir la zone de protection autour de l'archipel sur
son flanc est, ce qui l'amenait nécessairement à dégarnir d'autres
secteurs. Cette modification dans la stratégie maritime
japonaise préludera à la bataille de Midway.
L'objectif était atteint: les américains avaient démontré
au Japon qu'il n'était pas à l'abri. Ce n'était
qu'un avant-goût du déluge de feu qui allait bientôt s'abattre
sur l'archipel du Mikado.
©
Aérostories, 1999
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