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L'aviation dans la bataille de l'Atlantique.

par Philippe Ballarini

4. L'aviation alliée dans la bataille de l'Atlantique.

Dans l'urgence, la Royal Navy mit au point une première parade. En septembre 1941, six Grumman "Martlet" ("Martinet") étaient embarqués sur le porte-avions d'escorte HMS "Audacity" (en fait, un cargo allemand prise de guerre, le "Hannover", modifié à la hâte). Ce système fit ses preuves, puisque les "Martlet" purent détruire en peu de temps trois des "Condor". L'expérience fut de courte durée, le HMS Audacity ayant été torpillé par le U-751 en décembre 1941.


Les porte-avions d'escorte promis par les USA se faisant attendre, il fallut encore improviser. Une quarantaine de cargos reçurent une catapulte sur leur pont leur permettant de lancer un chasseur en cas de nécessité. Des appareils, dont des "Hurricane", furent renforcés pour subir les formidables contraintes qu'ils allaient subir au catapultage. Bien entendu, ces appareils étaient à usage unique: pas question d'apponter une fois la mission remplie. Les pilotes, qui ne devaient pas manquer de cran, ne se contentaient pas de subir l'accélération qui les amènerait de zéro à plus de 100 km/h en une vingtaine de mètres: ils avaient choix, une fois leur mission accomplie, entre l'éjection en parachute et l'amerrissage. De toute manière, le bain forcé en plein Atlantique était de rigueur. Les résultats (une dizaine d'attaques repoussées et sept appareils abattus par 18 avions catapultés) étaient intéressants, mais il était évident que cette pratique ne pouvait être qu'un pis-aller.


La solution pour colmater ce fameux "trou de l'Atlantique", un secteur au sud du Groenland où les convois ne disposaient d'aucune couverture aérienne, c'était la couverture par des appareils à long rayon d'action. Le Coastal Command utilisait des Short "Sunderland", un hydravion à coque de 30 tonnes en charge, particulièrement robuste et bien armé. Cet appareil de belle taille était particulièrement bien armé (deux mitrailleuses de 12,7 mm et jusqu'à douze mitrailleuses de 7,7 mm), ce qui lui avait valu d'être surnommé le "porc-épic volant" par les équipages allemands qui le redoutaient.


Cet appareil existait cependant en nombre insuffisant et les britanniques en avaient besoin dans bien d'autres régions de leur vaste empire colonial. Au printemps 1941, une escadrille du Coastal Command basée près de Belfast reçut  ses premiers Consolidated B-24. Le "Liberator", qui sera l'avion militaire le plus construit par les USA pendant la seconde guerre mondiale sous une quantité impressionnante de versions, était un bombardier terrestre quadrimoteur. Sa présence participa grandement à combler le "trou de l'Atlantique " et porta un coup très rude aux meutes de U-Boote, d'autant plus que certains appareils commençaient à être équipés d'un radar embarqué.


Comment ne pas citer parmi les appareils qui jouèrent un rôle important dans cette chasse aux sous-marins l'hydravion à coque Consolidated "Catalina" ? Une robustesse légendaire et une fiabilité hors du commun, associées à une élégance certaine, faisaient lui un appareil recherché par les équipages. Muni de bombes et de charges de profondeur, il se tailla de francs succès dans la chasse aux sous-marins, mais aussi dans la reconnaissance. Quantité d'aviateurs tombés en mer et de naufragés ont été repêchés par cet appareil mythique dont certains volaient encore à l'aube de l'an 2000.

©
Aérostories, 1999


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"Martlet" était la dénomination britannique du chasseur embarqué américain  Grumman F-4F "Wildcat".       IWM

Un "Hurricat" catapulté depuis le pont d'un cargo. Les missions effectuées à bord de ces appareils étaient particulièrement périlleuses et coûteuses en hommes.

Clic   Imperial War Museum

Le Short "Sunderland", fer de lance du "Coastal Command".

Clic              Canadian Air Force

Pour l'US Navy, Consolidated avait développé une version particulière du B-24 "Liberator": le PB4Y "Privateer".  Notez en particulier l'empennage classique au lieu de la double dérive et les postes d'observation latéraux. D.R. Clic

Le "Catalina": un appareil amphibie qui connut un grand succès. En vol, les flotteurs se repositionnent à l'extrémité de l'aile parasol.
Canadian Air Force                                              Clic