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Il peut
paraître surprenant de voir accorder un rôle important à l'aviation
dans la chasse aux sous-marins. L'efficacité de l'arme
aérienne dans ce combat d'un type particulier avait été sous-estimée
par tous les belligérants. Il est vrai que l'on pourrait penser
que la détection du danger que représentait un U-Boot était essentiellement
détectable par des escorteurs équipés de détecteurs de type "asdic".
Ce serait oublier une donnée fondamentale du fonctionnement d'un
sous-marin pendant le dernier conflit. En plongée, un U-Boot était
propulsé par des moteurs électriques alimentés par batteries.
Ces dernières se vidaient en quelques heures et ne permettaient
de faire route qu'une heure à plein régime. En surface, le
bâtiment se servait de ses moteurs Diesel qui assuraient la recharge
des batteries et une propulsion bien plus efficace. Ceci explique
que, contrairement à une idée reçue, un sous-marin patrouillait
surtout à l'air libre, donc à la vue d'un observateur
aérien.
L'intérêt évident de l'avion réside dans sa capacité à
surveiller de façon efficace de vastes étendues maritimes. Les
équipages de ces appareils de reconnaissance à la mer avaient
un ennemi redouté: l'ennui. On imagine l'aspect soporifique
et frustrant des interminables heures de patrouille au-dessus
d'un océan vide. Quant au combat, la lutte entre deux appareils
évoluant tous deux dans trois dimensions au sein l'un de l'eau,
l'autre de l'air, il avait une issue incertaine. Le sous-marin
n'était pas un gibier facile, puisqu'il avait la faculté,
par son armement, de se retourner contre son agresseur, ce qu'il
fit systématiquement à partir de 1943, sur un ordre surprenant
de Dönitz: "en cas de rencontre avec un avion, ne pas plonger,
mais faire face". La RAF perdit plus de 700 appareils à elle
seule dans ce genre de combat.
L'avion chasseur de sous-marin disposait de plusieurs moyens
d'intervention, une fois sa cible repérée. Davantage que la
mitrailleuse ou le canon, la torpille était sans doute le
moyen le plus efficace de couler le U-Boot. Encore fallait-il
intervenir suffisamment rapidement, avant que celui-ci ne se mette
en plongée. Mais même en immersion, le loup gris n'était pas
à l'abri: nombre d'appareils disposaient de charges sous-marines.
De plus, l'alerte étant donnée, des bâtiments de surface prévenus
par radio pouvaient continuer la chasse.
© Aérostories,
1999
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