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L'aviation dans la bataille de l'Atlantique.

par Philippe Ballarini

2. L'avion comme arme anti sous-marine.

Il peut paraître surprenant de voir accorder un rôle important à l'aviation dans la chasse aux sous-marins. L'efficacité de l'arme aérienne dans ce combat d'un type particulier avait été sous-estimée par tous les belligérants. Il est vrai que l'on pourrait penser que la détection du danger que représentait un U-Boot était essentiellement détectable par des escorteurs équipés de détecteurs de type "asdic". Ce serait oublier une donnée fondamentale du fonctionnement d'un sous-marin pendant le dernier conflit. En plongée, un U-Boot était propulsé par des moteurs électriques alimentés par batteries. Ces dernières se vidaient en quelques heures et ne permettaient de faire route qu'une heure à plein régime. En surface, le bâtiment se servait de ses moteurs Diesel qui assuraient la recharge des batteries et une propulsion bien plus efficace. Ceci explique que, contrairement à une idée reçue, un sous-marin patrouillait surtout à l'air libre, donc à la vue d'un observateur aérien.

L'intérêt évident de l'avion réside dans sa capacité à surveiller de façon efficace de vastes étendues maritimes. Les équipages de ces appareils de reconnaissance à la mer avaient un ennemi redouté: l'ennui. On imagine l'aspect soporifique et frustrant des interminables heures de patrouille au-dessus d'un océan vide. Quant au combat, la lutte entre deux appareils évoluant tous deux dans trois dimensions au sein l'un de l'eau, l'autre de l'air, il avait une issue incertaine. Le sous-marin n'était pas un gibier facile, puisqu'il avait la faculté, par son armement, de se retourner contre son agresseur, ce qu'il fit systématiquement à partir de 1943, sur un ordre surprenant de Dönitz: "en cas de rencontre avec un avion, ne pas plonger, mais faire face". La RAF perdit plus de 700 appareils à elle seule dans ce genre de combat.

L'avion chasseur de sous-marin disposait de plusieurs moyens d'intervention, une fois sa cible repérée. Davantage que la mitrailleuse ou le  canon, la torpille était sans doute le moyen le plus efficace de couler le U-Boot. Encore fallait-il intervenir suffisamment rapidement, avant que celui-ci ne se mette en plongée. Mais même en immersion, le loup gris n'était pas à l'abri: nombre d'appareils disposaient de charges sous-marines. De plus, l'alerte étant donnée, des bâtiments de surface prévenus par radio pouvaient continuer la chasse.

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Aérostories, 1999

[ suite ]

Convoi sur l'Atlantique: des "blimps" assurent la surveillance aérienne.                         IWM

L'équipage quitte ce U-Boot  en train de faire naufrage. Tous les duels entre un sous-marin et un avion ne se terminaient pas ainsi: pour pouvoir attaquer un sous-marin, un avion devait l'approcher de près, s'exposant à ses tirs de défense.
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