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Il apparut
dès 1940 que jamais l'Angleterre ne pourrait faire face aux
coups de boutoir des forces du IIIème Reich sans l'aide du
continent nord-américain. L'énorme outil de production représenté
par les États-Unis et le Canada s'ébrouait et allait servir
bientôt d'arsenal à tout ce qui luttait contre la puissance
nazie. Mais tous ces biens de production, qu'ils soient d'usage
civil ou militaire, n'avaient qu'une voie pour parvenir
à destination en Angleterre dans un premier temps, en URSS par
la suite: l'Atlantique Nord.
Si l'Amirauté britannique avait négligé l'arme sous-marine,
il n'en avait pas été de même dans la Kriegsmarine: les convois
allaient payer un très lourd tribut au "loups gris",
les meutes de U-Boote qui allaient écumer toutes les mers où aucun
cargo ne serait plus en sécurité, pas plus en Mer d'Irlande
qu'aux Antilles ou que dans l'Océan Arctique. La U-Bootewaffe
de Dönitz fut d'une redoutable efficacité, obligeant à suspendre
pendant l'été 1942 les convois vers le port soviétique de
Mourmansk et paralysant les transports de troupes américaines
vers le Royaume-Uni, ce qui aura pour conséquence l'abandon
du vaste projet "Sledgehammer", le débarquement en France,
au profit de "Torch", moins ambitieux, en Afrique du
Nord.
Au printemps 1943, ce furent entre 400 000 et 600 000 tonnes que
les loups gris de Dönitz envoyaient chaque mois par le fond.
Face à une situation risquant de virer au tragique pour l'Angleterre,
aucune doctrine réellement efficace n'avait été mise sur pied,
ni par les Américains, ni par les Anglais. Les responsables
de l'aviation stratégique s'obstinaient à vouloir détruire
les sous-marins dans les chantiers navals ou dans les ports,
et non à la mer. Par ailleurs, aucun de ces porte-avions d'escorte
qui auraient été si précieux n'était dévolu à la protection
des convois. Les porte-avions de la Royal Navy effectuaient un
travail de transport, livrant en Méditerranée ou dans l'Océan
Indien les Spitfire et les Hurricane indispensables à la défense
des îlots de résistance, ce qui était une grave déviation dans
l'usage de la force aéronavale qui aurait pu être d'une
redoutable efficacité contre les sous-marins. Les porte-avions
de la U.S. Navy, quant à eux, étaient déjà fort occupés dans le
Pacifique.
© Aérostories,
1999
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