[accueil]  [sommaire général]  [sommaire précédent]  [forums]  [modelstories]  [livres et magazines]  [liens]

Saint-Exupéry:

La reprise du manche

Les retrouvailles de Saint-Exupéry avec ses camarades de combat eurent lieu dès le mercredi 5 mai 1943. Il leur fit part de sa ferme intention de se faire affecter de nouveau au groupe, ce qu'il obtint rapidement, grâce à l'aide de quelques autorités. Bon pour le service, Antoine effectua sa première mission photographique le 12 juin. Le 19 juin, il obtint son certificat d'aptitude au vol à haute altitude avec la mention :
" …à une altitude de 12 000 mètres, de légères manifestations douloureuses dans un ancien foyer de fractures. "
Sa première mission de guerre s'effectua le 21 juillet 1943, au-dessus de la côte entre Marseille et Toulon, mission réussie. Lors de sa seconde mission, le 1er août, suite à un ennui moteur, Saint-Exupéry fit demi-tour et se posa trop long. Son Lightning flambant neuf termina sa course dans les oliviers. Les autorités supérieures suspendirent donc Antoine le 11 août et le placèrent en réserve de commandement à la 31ème Escadre de bombardement, lui laissant plus de temps pour rédiger
Citadelle qu'il n'acheva jamais. Nommé au grade de commandant, de manière rétroactive depuis juin 1943, il arriva très vite à revoler et fit alors la connaissance de John Phillips, reporter-photographe américain.
Avec l'aide appuyée d'un de ses amis américains, Antoine rencontra le Général Eaker, commandant l'aviation sur le front méditerranéen et arriva à le convaincre de la nécessité de lui permettre de reprendre le combat aux côtés de ses compagnons. Réintégré au détachement P-38 du Groupe de reconnaissance 2/33, il le rejoignit le 16 mai 1944 et reprit très rapidement les vols d'entraînement, après que John Phillips eut réalisé un important reportage photographique à son sujet pour la revue américaine
Life. Le 6 juin, malgré le mauvais temps, Saint-Exupéry partit pour une reconnaissance sur la côte française. Gêné par des ennuis moteurs, qui dégénérèrent en feu moteur, Antoine rentra pour ne s'apercevoir de l'étendue des dégâts qu'arrivé au sol. Le 14 juin, il réalisa une bonne mission photo sur le secteur de Rodez et annula le lendemain une reconnaissance suite à une panne d'inhalateur d'oxygène, un défaut chronique au Lockheed F-5. Le 23 juin, il ramena de bonnes vues du secteur d'Avignon, sans incident. Pour ses 44 ans, le 29 juin, Saint-Exupéry fut chargé d'une mission sur la Savoie de sa jeunesse. Il ne rentra pas, provoquant un grand émoi au sein du groupe qui l'attendait à Alghéro pour fêter son anniversaire. En fait, il s'était posé à Bastia-Borgo, en Corse, au retour d'une mission qu'il effectua sur un seul moteur en revenant par la plaine du Pô et en survolant en toute impunité les troupes allemandes à 2 400 mètres d'altitude dans un avion diminué.
Le 14 juillet faillit encore être fatal à Antoine, qui s'évanouit en plein vol suite à une nouvelle panne d'oxygène, mais récupéra à 4 000 mètres et parvint à rejoindre le terrain, s'y posant sans ennui. Sa mission fut retenue comme vol de guerre, bien qu'avortée.

©Aérostories, 2001.

[ suite ]

par  Hervé Brun

Cet article est essentiellement illustré avec des images disponibles à la photothèque du SHAA. La reproduction de ces images est interdite. En revanche, chaque image possède sa référence (nom du fichier JPEG) et peut être commandée au SHAA.

Antoine de Saint-Exupéry jouant avec un jeu de mots en compagnie de son ami le photographe John Philipps. Les deux hommes sont installés sur le lit de Gavoille, le commandant du détachement Lightning du GR II/33, en mai 1944 à Alghero.
©SHAA (ref:B94-4554)                                       
Clic

Antoine de Saint-Exupéry, debout au second rang en blouson de cuir sombre. Il pose au milieu des pilotes et mécaniciens du 23rd Photo Squadron, le 18 juin 1944, à Alghero (Sardaigne).
©SHAA (ref:B94-4803)                                       
Clic