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AU-1 et F4U-7 Corsair "For French only"

Les Corsair de la Royale

par  Frédéric Marsaly
et Jacques Bocognano

2. Départ en retraite

Fin de carrière

Bientôt il apparaît que le F4U-7 Corsair, s'il reste un avion d'attaque formidable, n'est plus adapté aux nouvelles contraintes des opérations aéronavales.

La mise en service des deux nouveaux  porte-avions Clemenceau (1961) et Foch (1963) est le signal du retrait du Corsair des unités de première ligne. En effet, ces deux navires sont équipés de catapultes à vapeur, beaucoup plus puissantes que les modestes versions hydrauliques des Arromanches et La Fayette, et permettent ainsi la mise en œuvre de chasseurs embarqués à réaction, Aquilon puis Étendard bientôt épaulés par le petit frère du Corsair, le Vought F-8E (FN) Crusader. La 14F reste la dernière flottille armée de Corsair jusqu'au 1er octobre 1964 et sera transformée sur "Crouze" le 1er mars 1965.

Le dernier vol du Corsair dans l'Aéronautique navale française intervient le 28 septembre 1964 lors de la cérémonie officielle de retrait de l'avion à Cuers. Les spectateurs présents ont pu voir en apothéose voler dans le ciel de Provence un dispositif de seize Corsair aux mains des derniers pilotes opérationnels.

La plupart des F4U-7 et des AU-1 trouvent un sort funeste à Cuers où ils sont irrémédiablement ferraillés à partir de 1964, quelques AU-1 restants étant rendus à leur propriétaire légal qui leur fait subir le même sort.

Les rescapés

Cinq F4U-7 échappent au massacre : le n°133693 qui, repeint aux couleurs d'un AU-1 de la VMF-312, s'écrase en Californie le 15 mai 1987 ; le n° 133704 qui est exposé aux couleurs américaines à l'USS Alabama Memorial, à Mobile (Alabama) ; le n° 133710 qui est exposé en stèle à Quantico, au musée de l'US Marines Corps, toujours aux couleurs d'un AU-1 américain ; le n°133714 est récupéré et remis en état de vol, il est utilisé dans la série "Les Têtes Brûlées" et est immatriculé au Canada C-GWFU par le Camrose Booster LTD. Le n°133722 connaît une toute autre destinée puisqu'il est un temps utilisé pour des essais à la DCAN (Direction Centrale de l'Aéronautique Navale) de Toulon avant d'être vendu à un Américain au prix de la ferraille, soit mille dollars ! Suivant les directives des membres de l'Aéronautique navale l'ayant aidé à acquérir cet avion, le propriétaire le restaure aux couleurs du 15F22 tel qu'il apparaissait, avec les bandes jaunes et noires, pendant les opérations de Suez. Arrivé aux États-Unis en 1974, le Corsair est ensuite revendu à Lyndsay Walton en Angleterre qui le présente quelques rares fois sur notre territoire pendant les années 80. Nous ne savons pas ce qu'il est advenu de cet appareil.

La France ne s'aperçoit que trop tard de la disparition de son patrimoine et quelques initiatives sont lancées en pure perte pour rendre à la Marine un Corsair. Seul Jean Salis, premier propriétaire d'un Corsair en France, un F4U-5NL de chasse de nuit  récupéré en Argentine, fait voler son F-AZEG avec un petit insigne de la 14F sous le cockpit, en clin d'œil…

Puis, en 1995, grâce à une initiative privée partie du Castellet, un F4U-5 argentin arrive dans la plus grande discrétion pour être restauré au standard F4U-7. Ce F4U-5/7 Corsair, immatriculé F-AZYS, fait son premier vol fin 1999. Il est présenté en vol à la Ferté-Alais en mai 2000. Son pilote attitré, "Ramon" Josa, figure légendaire de l'Aéronautique Navale, ancien Officier d'appontage retrouve là son premier avion d'arme.

Conclusion

Environ 270 pilotes volèrent sur Corsair dans la Marine. Cet avion qui fut le premier avion neuf conçu pour la Marine après guerre illustre le renouveau de cette arme. Tout auréolé de sa légende acquise dans le Pacifique à partir de 1943, le Corsair pouvait encore se montrer une arme redoutable vingt ans plus tard, ce qui constitue l'apanage des seuls grands avions. Pour les pilotes, il se montra un coursier puissant et viril, pour la Marine, il se révéla parfaitement adapté aux combats qu'elle eut à affronter et pour nous, fanas de toujours de cette splendide machine qu'est le F4U-7, il reste le plus beau des Corsair, car il fut conçu "For French Only !".

©Aérostories,2002

Bibliographie sommaire :

Roger Vercken :
- Histoire succincte de l'Aéronautique navale 2e édition, ARDHAN, 1998
- Au-delà du Pont d'Envol, Alerion, 1995
René Bail
- L'Aventure Corsair, chez l'auteur, 1990 (épuisé)
- Il était une fois la 14 F in Air Fan n° 72 à 74 et 76, 1984-1985
Jean Moulin :
- Porte-avions Dixmude et Arromanches, Marines Editions, 1998
- Porte-avions La Fayette et Bois-Belleau, Marines Editions, 2000
Paul Gaujac :
Suez 1956, Lavauzelle, 1986 (épuisé)
Claude Morin :
1956 , L'Aéronautique navale à Suez in le Fanatique de l'Aviation n°251 à 253, 1990
Patrick Charles Renaud :
Aviateurs en Guerre, Grancher, 2000

Les Corsair de la Royale

> 1    Corsair de l'Indochine à Bizerte.
> 2    Les Corsair partent à la retraite.
> 3    Décorations portées par les Corsair.

Configuration d'armement standard pendant la campagne de Suez. Cet appareil de la 15F transporte deux bombes de 1000 livres et un réservoir largable.
Photo Vielle  via J. Delmas.                    Clic

Le 15F22 restauré aux USA puis revendu à L. Walton. Le seul survivant de l'Aéronautique Navale aux couleurs françaises.
Photo J. Delmas.                    Clic

Remerciements

Nous tenons à remercier l'amiral Guirec Doniol pour son aide amicale et incontournable, ainsi que l'ARDHAN. Nos remerciements vont aussi à ceux qui ont bien voulu nous prêter leurs documents ou nous apporter leurs conseils, MM. Jean Delmas, Patrick-Charles Renaud, Alain Schlauder, Jacques Ilias, Roger Bily, Robert Feuilloy. Notre étude ne se voulant pas exhaustive, nous serions reconnaissants à nos lecteurs de bien vouloir nous faire part de leurs remarques.