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1940: où est l'aviation?

par Philippe Ballarini

1. La déroute.

Avant le désastre de mai-juin 1940, il s'était trouvé dans l'état-major français un grand pendard  pour affirmer: « Nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts! ». Interrogé sur l'éventualité d'une attaque allemande dans par le massif des Ardennes, un certain Philippe Pétain rétorquait que dans ce cas hautement improbable, « nous les pincerions à la sortie. »

On sait ce qu'il en est advenu... Les blindés de Guderian effectuèrent leur percée à Sedan le 10 mai 1940 et la déferlante allemande créa dans une France affolée une débâcle sans précédent, jetant pêle-mêle sur les routes civils et militaires. De cette mêlée confuse, terrorisée par les "Stuka", comme des rangs des militaires qui tentaient de faire face avec l'énergie du désespoir, s'élevait le même cri d'amertume et de colère: « Mais où est donc notre aviation? » Les airs semblaient appartenir à la toute-puissante Luftwaffe.

Le régime de Vichy, désireux de s'offrir une légitimité et livrant au bon peuple le châtiment des responsables d'une telle déroute, mit en scène le "procès" de Riom. Outre les politiciens avec lesquels Pétain comptait régler des comptes politiques, comme Léon Blum, on mit sur la sellette non pas la Grande Muette, dont la représentation à Riom était assurée par un parterre de généraux geignards, mais une Armée de l'Air montrée du doigt par les caciques de l'Armée de Terre. Bien entendu, on mit l'accent sur la défection des britanniques devenus les ennemis (surtout après Mers-el-Kébir) d'un pays qui s'engageait de plus en plus profondément dans la voie de la collaboration avec le régime nazi.

Ce "procès" de Riom qui, passé à l'aune de l'histoire, confinait au ridicule, a pourtant laissé des traces en ce sens qu'à ce jour encore la question de la combativité de l'Armée de l'Air de 1940 demeure un sujet épineux.

L'aviation et ses pilotes avaient-ils failli? En fait, sous les propos amers tenus par la quasi totalité des généraux de l'Armée de Terre perçait leur mécontentement de n'avoir pu utiliser l'aviation sous leurs ordres directs. Accuser l'aviation n'était-il pas un moyen pour l'état-major de ne pas perdre la face outre mesure?

Mais néanmoins la Luftwaffe était-elle à ce point invulnérable?

©
aerostories, 1999

[ suite ]

Les Ju-87 "Stuka", bombardiers en piqué, étaient équipés de sirènes qui ajoutaient à l'affolement que suscitait leur apparition.

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